Ragondin, bonne presse, tu n’as pas ! Et tu as bien raison ! Ces temps-ci, elle n’annonce que tristes nouvelles.
Croiser ta fourrure brune m’attendrit. Petit ragondin, tu accompagnes mes levers de soleil au bord de l’eau.
Comme le jour de cette aurore d’hiver. La nature roupillait encore. Je m’étais camouflé dans les broussailles dans l’espoir de traquer l’intrépide qui vole en rase-mottes, paré de ses flamboyantes couleurs. Tu le vois souvent toi le martin-pêcheur, hein ?
Ce matin-là, tu es le premier signe d’éveil que je remarque. Dans la pénombre, je saisis à peine ta tête émergée de la surface mais je distingue le sillon que tu laisses en nageant. Une nage rapide, grâce à ta queue plate et large, clignotant de gauche à droite pour te faire avancer. De retour sur la berge, elle n’est plus ton gouvernail mais un formidable outil de communication. Tu la frappes sur la rive ou sur l’eau pour alerter tes congénères. Tu la dresses pour impressionner ton adversaire. Tu t’en sers pour construire ton terrier et isoler ta tanière avec ces touffes de poils que tu prélèves. Quel outil !
Les berges se colorent du soleil orangé qui émerge. Je te vois mieux à présent. Une querelle éclate avec un de tes colocataires. Trop brève pour que je puisse déclencher. Je continue de t’observer. Tu nages, te restaures, dors… Bonheur d’être témoin de ta chorégraphie matinale avant de te voir disparaître à l’abri des regards.
L’après-midi, de retour de promenade, j’aurai le plaisir de te voir paisible sur une motte d’herbe, faire ta sieste sans te soucier d’un quelconque danger.
Le ragondin nuisible ?
Nuisible, invasif qu’elle dit la mauvaise presse. Je sais, cher ragondin, l’hôpital se fout souvent de la charité. Des dégâts pour les sacro-saintes installations hydrauliques et agricoles. Certes ! Mais, mon dieu ce qu’elle rate cette mauvaise presse à ne point se fasciner pour toi et tes incroyables capacités d’adaptation.
Comme le dit si bien @anne_sowhat sur son fil, le concept de nuisible n’existe pas en science.
